Storm Warning.

21/11/2010 (0:51)

http://forever-ago.cowblog.fr/images/flashlights.jpg
E. /


Je vogue de boules dans la gorge, en boules dans le ventre. Le son à fond, malgré l'heure tardive : tant pis pour les voisins du dessus du dessous d'à côté que l'on entend baiser toutes les nuits. On revêt notre air gêné pour aller au lit maintenant, et pudiquement on se tourne le dos. On érige des cloisons immenses ; impénétrables. Inertes dans nos pyjamas très moches qui nous faisaient rire avant. Avant a-t-il une consistance ? Es ce qu'avant à une valeur une fois que tout s'effrite et s'envole avec la brise matinale ?
Tu achètes des jolis sous-vêtements et j'aimerais savoir pour qui ils sont. Et des robes à en tomber à la renverse ; averse dans tes yeux quand je te dis que je te trouve belle dedans. Et pourquoi les choses ne marchent plus ? Pourquoi nos vies s'emboîtent sans harmonies. Rangées là en tas. Soupir. En tas.
Et je me demande où poser ce mot. Comment te demander de faire l'amour. De couvrir tout ces bruits de lits qui grincent et qui me filent des cauchemars à n'en plus finir. Des cauchemars dans lesquels je te perds, comme à chaque réveil. Comme l'abîme, et me mettre dedans. Terrible.
Et je me demande comment ramener la vie dans tes yeux. Est-ce ma faute ? Je n'aimerais pas. Je perds les mots, les branches sans feuilles, restent nues sans frisson.
Il est l'automne alors que le printemps se lève. Et moi je veux t'avoir à mes côtés, dans le sud n'importe où.

Ecrire au-dessus de la tête de lit — For Emma, forever ago.

M.

Fumeroles

19/11/2010 (21:15)

http://forever-ago.cowblog.fr/images/sheets.jpg
Et toute cette histoire qui se répète. Et tes mêmes gestes que je ne veux pas surprendre. j'aimerais être aveugle, tu le sais bien. Tu le sens.
Je voudrais pas que le destin existe ; je veux renoncer à cette fatalité immuable. Je sens bien que tu veux partir encore et encore. Mais reste, un moment, une vie. Reste, le Sud t'attend, après, une fois là bas, fait ce que tu veux. mais je ne veux plus vivre l'hiver, je ne veux plus vivre Paris sans toi. Le comprends tu, ça, toi ?
Je veux des cinémas, des restos ratés, des journées sous la couette. Tant pis si c'est sans paroles, moi ça me va. Même si tu lis plus de la poésie pour que je m'endorme, même si tu ne récites plus les auteurs que tu aimes sous la douche. Même si tu as dépeuplé l'appartement encore et que pour me faire sourire quand même tu colles des mots jolis aux murs. Même si tu me sers mon café au lait au lit. Tout est devenu commun alors rien ne se ressemble. je la revois cette scène, moi le lit les yeux ouverts / toi la clope l'air de rien le papier blanc puis noirs mes yeux qui se ferment. Je ne veux pas revivre ça. Encore des ballades dans les rues, des musées où l'on s'ennuie, des pièces de théâtres où on s'endort. Des airs vagues, des blagues nulles pour les passant, des derniers métros, des verres de vin en tête à tête à s’enivrer à se sentir vivre. 
4 mois, quatre riens, c'est tout ce que je te demande, en guise d'urgence.

Emma,

Post-it

5/03/2010 (22:39)






Tes murs aveugles qui, dans la nuit, forment une Cordière sans Andes. Se rattacher quelque part, nulle part. Se rattacher. Les idées quelles idées folles ! C'était juste un verre, après tout.
Maintenant j'écris entre deux piles de copies, une corrigée une abandonnée. "Argumentation trop brouillonne pour un devoir au propre". Un humour grinçant, je n'en sais rien. Au plafond tu as accroché des pliages, des avions en papiers et des bateaux sans destinations. Tu dors, doucement, et moi je file. Ce n'est pas vraiment une lettre, hein.
C'est juste un à demain à glisser dans la poche. Je t'embrasse. Je t'. Enfin, soyons réalistes. En grand, en immense. Réalistes.
A demain.

Emma
http://forever-ago.cowblog.fr/images/Fumee-copie-1.jpg
Matt /

T'avais écrit "Farewell Mylady" sur l'enveloppe, mais j'y croyais pas vraiment. T'avais cacheté ça, de salive un peu sur la colle qui ne colle pas vraiment des enveloppes. Tu n'avais pas fait l'affront de la timbrer, ni d'utiliser une pré-timbré car tu disais que c'était plus pratique, les enveloppes pré-timbrées.
Je crois que j'ai veillé tant que j'ai pu et que tu as eu raison de moi. T'es partit — je ne t'ai pas entendu. Je savais sans lire ta lettre, mais je l'ai lue quand même. J'ai eu un pli amer, sur le coin de la bouche. La première fois. La deuxième, j'ai essayé que les choses coulent.
Je crois que j'ai pleuré beaucoup, avec l'espoir que tu reviennes, que tu déchires ce papier et que tu dises que c'est de la connerie, simple.
J'ai eu des nouvelles de toi, grâce à Emilie. Elle m'a dit que t'allais pas bien. C'était le mois dernier. Je me disais "bien fait", mais le coeur n'y était pas.
L'appart' est grand quand on y est tout seul, et les murs sont les témoins accablant d'un passé imparfait devenu simple. J'ai pas voulu changer. Pas avant que tu reviennes.
Maintenant, ça fait trois mois que t'es parti. Trois mois et un peu plus. Mais bon, trois mois pour faire simple. Les vacances se sont terminées pour moi, sans fanfare. A peine une semaine sur la côte, en Normandie, chez mes parents. Ils m'ont dit que j'avais mauvaise mine. A coup sur que le ciel était moins radieux que le tiens. T'as dû rentrer dans ton espace vide. Dans ta zone de non-vie. J'aimerais savoir comment tu te sens. Je sais que ça va sans aller ; du moins j'imagine. Trois heures pour revenir de chez toi — rentrer dans un chez toi sans nature, sans aspérités sur les murs. Tu sais très bien que je veux te revoir. Te sentir près, parce que ton odeur est la seule qui me convienne.
Je t'imagine écrire sans trop savoir quoi dire pour combler tes jours, sortir la nuit un peu avec quelques amis. Ecouter sans cesse les mêmes disques. T'as du avoir ta période Joy Division, et ce n'est pas forcément mauvais signe : juste après tu t'essaieras à la couleur.
Je me demande si. 
Un verre, au Café Noir. A 18h, ou 19h ou plus tard. Un vendredi.
Vendredi.
Emma ;

Ici ; ailleurs.

28/02/2010 (10:28)

http://forever-ago.cowblog.fr/images/coin.jpg
Emma,

Le soleil s'est couché, sur une journée brulante. Les cigales ne chantent plus, une fois la plage, les repas sur la terrasse — la salade de tomate — la sieste, et les rires sur la partie de carte. Le repas de famille alors que le jour se fini, c'est pour des moments ainsi que je vie, que je continue à vivre. Je suis sur la terrasse, et la table a été débarrassée. Je fume, et dans l'air lourd du soir, toutes les odeurs me viennent au visage. le vent un peu frais ne me fait pas frissonner, mais apaise ma peau brulante.
Ce serait mentir que de dire que je ne voudrais pas que tu sois là. Oui. Parce qu'en fin de compte, trois mois plus tard, tu me colles toujours à la peau. Mon appartement est un peu une chambre qui se replie sur elle-même. Je ne l'habite pas, je la hante. Il y manque l'étincelle. Je ne peux plus Paris. Je ne peux plus cette ville. Alors le temps d'un temps, quelques jours, je suis redescendu : pour goûter le sud. Goûter Marseille, ce goût familier, cette madeleine à la Proust. Ce lieu sorti d'un nulle part qui s'agite et s'anime dans un cœur orphelin : le mien.
J'ai arpenté les rues. J'ai pris le temps. Cela faisait tellement longtemps, je passais toujours en coup de vents. J'ai réappris à rien branler sur le cours Ju, un demi en face, et un ami à qui parler juste derrière. Le bon vieux temps qui semble un peu venteux. J'ai ressortit dans ma chambre les photos que j'avais pris durant mon adolescence. Tous ces souvenirs qui se figent, ne tentent pas de dépasser leur cadre mais qui transcende une vie. J'ai retrouvé mon vieil appareil photo. Je regrette tant de l'avoir laissé là. J'aurais aimé voir comment tu ressortais sur format 10*15. Tu dois être en réduit. Oui, ce n'est rien. Je suis partit, je n'ai pas voulu rester.

Une semaine ici, à dormir sur le lit de mon adolescence. Le lit de ma première fois, c'est si étrange. Ces draps qui ont changé. Mais les murs qui sont les mêmes. Et les rires les larmes qui restent là, figés dans l'espace. Et tous ces Moleskines dont je ne me suis pas encombré, que j'ai laissé là. Je n'ai pas encore eu la force de les ouvrir. Je regarde mes photos accrochées au mur, je commence à réfléchir sur ma vie, et rien ne vient. Je ne sais pas quoi penser. Je me mets à mon bureau, et regarde mes vieux cours. Je me souviens quand j'ai dit : "Maman, je suis muté à Paris". Et elle a souri, parce que Paris, elle aime. Mais avec son coeur de Marseillaise. Tu sais, elle aime sans pouvoir y rester. Moi j'ai le même. Mais il fallait que je reste.
Je ne cherche pas d'excuses. Mais comprendre. Pourquoi. Pourquoi partir quand tout va bien. J'avais besoin de soleil. Et je crois que je ne me suis pas rendu compte que le soleil c'est toi.
Se traiter de con, ça ne sert à rien. "T'es célibataire ?" C'est une demande ridicule, c'est ma cousine. Et elle a le sourire indulgent. Elle sait que je suis compliqué, elle sait qu'en fait je ne le suis pas tant que ça et que c'est une situation ridicule.

Une semaine de Marseille. Je vais demander ma mutation ici. Retourner à la base. Tant pis pour les concerts, les expos et les promenades sur les quais de Seine. Ici, il y a une alchimie de rien du tout. Faîte de simplicité. De parler étrange, de mots que l'on entend que dans le cœur battant de cette cité, la plus vieille de France. De rires qui ne semblent pas guindés, de métros oranges et non gris. De rues que je connais sur le bout de mes doigts qui courent, courent sur des artères saignantes.

Encore un an à tenir, à l'autre bout du monde. Mais avec sans doute plus d'aller-retours. Je rentre, dans une semaine, et demi. Dis, tu veux bien que l'on se revoit. Je suis con. J'ai besoin de toi. Je...

 
M.

<< Page précédente | 1 | 2 | Page suivante >>

Créer un podcast