http://forever-ago.cowblog.fr/images/Facades.jpg
Lizzie,

Sans soif, je me suis arrêté là, au bord de la route. La ligne : arrêt d'urgence. Tu sais, Elodie me filmais en train de conduire, avec le soleil le vent les cheveux. C'était tellement cliché, ça m'a coupé le souffle. Je crois que ton vol est pour bientôtJe laisserais la lettre sur ton lit, je ne serais pas là. je serais loin, très loin. Un jour ou deux.

Je suis désolé, pour cette lettre à la con, écrite à 5h du mat, à la fin d'une soirée qui ne m'a rien apporté. Je t'aime, tu le sais. Tu me manques.

Il y a Elodie qui roule, et Oasis dans le poste. Tu peux pas savoir comme on chante faux, avec le sourire. Moi je n'écris pas droit. Je n'en ai pas envie. J'ai envie de voir tes yeux, et comprendre les "New York, New York" qu'on peut chanter à tue-tête. Je veux savoir si tu vas repartir, filer à l'anglaise encore une fois, pour un pays qui donne des ailes. tu t'es perdue, un peu plus d'un an, et tu reviens, tu es l'enfant prodige. J'aimerais savoir si tu as trouvé ton chemin.

I think we're superstars.

Arthur !
http://forever-ago.cowblog.fr/images/walkingshoes1.jpg
Arthur ;

J'écoute la pluie tomber.
Il y a un vinyle qui tourne sur la platine. Trois jours que je ne sors pas, et la plupart du temps avec mon casque sur les oreilles je divague. Je fume des joins, je fais semblant de rien, puis tout devient calme. A trainer dans une robe d'été, la pluie à regarder dehors. Ca en fait des occupations. J'écoute Kings Of Convenience. J'aimerais être ailleurs, près de toi, juste près de toi. J'aimerais t'expliquer, mais tu n'es pas là à côté à écouter.  Je laisse les larmes couler, ma robe d'été est froissée. Je n'ai plus un sou, je finis de rêver les poches vides. Je ne pars pas à Tokyo, John avait une copine déjà. Je suis bloqué ici, un peu, dans ce froid loin de toi. J'aimerais te dire que tu me manques, je sais que tu ne me croiras pas. C'est vrai pourtant. La pluie tombe, on ne peut la retenir.
Ce n'est plus des pages que je devrais t'écrire, mais des livres. il n'y a aucune excuse qui en vaudrait la peine. Anyway, j'ai cru, je ne fais que croire : cela ne me réussi pas. L'horloge sur le mur en face de mon lit s'est arrêtée. Il n'y a plus de tic tac, plus de rythme. Quelque part, il y a des joies omniprésentes, quelque part je ne trouve plus la foi en rien.
Je crois qu'on est désarmé, il faut s'y faire. Tu dis que tu ne me connais plus, mais avant que je parte tu me connaissais par cœur — tu n'as pas compris. A quoi bon se connaître ? Je ne ressens pas de vibrations le long de ma peau quand la musique démarre c'est n'importe quoi.
Dans la glace il n'y a plus rien, j'aimerais faire parti de ce monde de reflet.

Je rentre, fin septembre.

Lizzie

Brandenburg, Beirut.

15/02/2010 (14:07)

http://forever-ago.cowblog.fr/images/Thebag.jpg

Lizzie ;


Si aux jours qui passent, je m'applique à la recherche vaine d'absolus sans univers, est ce que pour autant je trouverais des poutres pour me suspendre ? C'est mon flou a la folie agressive les soirs de fête. Le mariage s'annonce salé, la table mise, les couverts croisés en signe de malheur sûr. Les parallèles se touchent, une fois pour toute, histoire de. Histoire qu'enfin on puisse faire l'amour. J'aime Elodie, malgré les tempêtes, et les voiles se gonflent, direction ailleurs, direction l'imaginaire même des cavalcades.
A chaque éclair, et dieu sait qu'ils sont au nombre d'un par jour, il y a cette musique : trompettes et cordes, vie et cuivre. J'ai envie de sentir le transport. En fermant les yeux, les jours de beau temps — l'orage —, j'imagine ces tours qui ne sont que des champs et peu d'élus dans une arrivée sempiternelle, dans des déboulonneries qui ne débordent pas ne bavent pas.
Sans résistance, l'air des villes et les champs graves sont laminés — balayés en la mineur. Sans résistance, le compte en banque est négatif, à la fin du voyage, le moral et négatif ; il ne reste rien que des négatifs développés à la va-vite. Et alors les couleurs bavent, qu'est ce qu'il me reste à faire // je dis ?
les yeux fermés, je me sens en proie au cataclysme vibrant, j'ai des câlins qui m'enserrent et des impressions tentaculaires qui en découlent à répéter les rames de métro sans cesse à en effacer les destinations à en perdre les destinataires. Je ne sais plus à qui j'écris, je t'écris — tu n'es plus là. Même pas là à m'attendre à la fin de la journée parce que tu t'es ennuyée, tu n'es plus là et c'est le froid dans mes yeux, le froid de l'hiver qui ne se développe pas, qui est une fractale dans mon regard d'abyme, dans mon regard de milliers de regards. J'ai le pouvoir d'effacer les destinations, mais je ne veux pas renier les destinataires ; et tout tourne, sans cesse, et tout tourne et vibre. La ponctuation de mon cœur se découpe, dédouble.
Il y a des cartes postales sur les murs de ma chambre, c'est toi, c'est tout ce qui reste. Ton lit, c'est un cauchemar, j'y ai fait l'amour avec Elodie, et ce n'était pas drôle, c'était un instant sans instinct. une machine rodée, à s'en claquer les poumons, à s'en péter les vertèbres. J'aurais aimé être un sans sommeil // je ne suis qu'insomniaque fatigué alors que le jour arrive. Et quand vient le soir, alors que le ciel s'obscurcit en douceur, comme un fondu enchaîné que nul ne contrôle j'ai le cœur qui bat en instance. J'aimerais plaider pour ton retour, extradée ou juste exilée de mon amour // tu ne m'aimes donc plus ? Plutôt crever ou respirer // de toute façon le moral est le même.
Les yeux secs, je quitte mon rocher, mes ancrages. Sans habitudes, tu es partie. Il paraît que tu reviens, et je serais là sans doute, sans cesse. Ce n'est pas l'amour qui dicte, c'est tout ce que l'on met autour. Et alors, l'automne est une grande histoire puisqu'ici ne subsiste que l'été dans les regards angéliques. Elodie a joui, je cherchais ta voix, ton regard. Ce matin je lui ai dit de partir, de fuir. Cet après midi, nous avons fait l'amour. Et je ne suis qu'une dictée sous la souffrance, un bout de souffle plaqué entre deux épaules. A goûter un sein, à cracher sur mon prochain, à proner la vitesse, à n'aimer que l'immobile, le figer dans un espace qui ne se contrôle pas, entre deux parenthèses. Les parents taisent tes appels depuis que j'ai dit que je t'écrivais, que je t'écris sans cesse. Ils ont peur de comprendre, et moi, j'ai peur tout cours. Il ne reste que des photos.
Je quitte mon rocher, sans pour autant décoller mes pieds du sol. je glisse sans illusions et les vagues font des remous absudrdes — que vogue la galère. Tu y crois toi, que tu es à l'autre bout du monde à envoyer des lettres après être partie sans rien dire ? Tu y crois qu'aujourd'hui, cela fait un an et trois mois et dix sept jours ? Moi je ne le crois pas, mais pourtant. Ce n'est pas un rêve. Enfin, minuit sonne, le style n'est plus propre. Gardons nous des cataclysmes.

Dis, mais quand reviendras-tu ?


Arthur,
le 8 Août

En bout de course.

11/02/2010 (21:00)

http://forever-ago.cowblog.fr/images/IMG00992.jpg

New York,
Le 1er Juillet
Arthur ;

Tu dois le connaître toi, ce moral dans les chaussettes. Sans vouloir t'offusquer, je le ressens dans tes lettres. Je ne suis pas partie à Boston, finalement. Boston n'a pas voulu de moi — Boston ; j'ai décidé d'embrasser les étoiles, dans une nuit déguisée en prostituée. La cuite est-elle un prix fort ? En rentrant à l'appartement, j'ai vu mes affaires et ma valise, et j'ai vu le lit, j'ai dormi à m'en rendre malade. Le lendemain, je tenais mon poste derrière le comptoir de la librairie à voir les Greyhound partir vers un inconnu qui semble si familier les jours de beau temps.
Il y a une campagne publicitaire, pour des vols low coast vers Paris. Avec mon marqueur, j'écris "Don't Go !" mais les gens ne me croiront pas ; pas à ce prix là. C'est étrange, deux peuples qui s'observent avec convoitise, et pourtant, ils devraient dire aux autres que ce ne sont que des chimères. La barrière de la langue, et celle qui retient de sauter en haut de l'Empire State Building, en haut de la Tour Eiffel.
Est ce que Marseille brûle au creux de l'été qui naît ? J'ai des noeuds dans la gorge quand les parents m'appellent. J'aimerais tant leur crier : "taisez vous". Mais ça ne sort pas, le respect ou j'en sais rien. Quand on raccroche, je pleure — parfois une heure sans m'arrêter. Ils sont toujours gentils, et moi, je voudrais être méchante. Parfois, je marche sans savoir où et, malheureusement, je me perds trop vite. Et quand j'arrive dans le nulle part, je me demande ce que je fais là, pourquoi je ne pars pas. Aucune réponse ne vient. Je les connais, elles sont placardés sur tous les murs de ma chambre, je ne sais pas. La journée, je réfléchis à des dizaines de choses, et ça va. Le soir, on va boire des verres et ça va. La nuit je dors et ça va. Alors quand est-ce que ça ne va pas ?
A chaque fois que je reçois une de tes lettres j'ai le cœur qui bat si fort. J'aimerais que tu sois là, en permanence. Que quand moi je travaille tu erres dans ce loft que tu aimerais tant ; que tu écrives toutes ces histoires que tu as dans le cœur, pour faire passer ce mal de tête. Et le soir en rentrant, je lirais, on rirait.
Raconte moi, Elodie. Est ce que tu es doux avec elle ? Je sais que tu l'es mais, dis moi comment.
Je sais que les mots flottent parfois en suspension dans ta gorge quand je t'ai au téléphone — que devant les parents tu ne demandes pas si j'ai reçu ta lettre, et puis je ne te le dis pas, parce que je me dis qu'ils guettent. Je sais qu'ils veulent en savoir plus, et qu'ils te demandent : tu as le droit de dire.
J'ai rencontré John, parce qu'il achetait L'Etranger de Camus, et que j'ai dit que c'était ton livre préféré. Il a sourit, et puis, il m'a dit des choses, j'ai tout compris, mais je ne comprenais vraiment que ses yeux qui étaient bleu. Et qui faisaient battre mon coeur d'adolescente. J'ai retenu le souffle, je l'ai tant retenu que j'en étais rouge, je l'ai tant retenu que l'apnée se lisait là et là près de mon visage ou je ne sais. Il a laissé son numéro, et je crois que je voulais lui dire, qu'ici c'était très bien pour faire l'amour. Les mots sont restés au creux de ma poche. Dis moi, tu crois qu'il existe une périphérie de l'amour ?

Il m'a dit.

Dehors il ne pleut pas ; j'ai envie du désert.

Finalement, le moral n'a pas de chaussette dans laquelle il se réfugie. Il va ça et là. Je t'écris du salon de John. et il m'a dit que si je voulais, on partirait loin, construire quelque chose qui n'a pas besoin de l'être, qui ne servira à rien. Mais quelque chose de beau, quelque chose qui rime. Moi je le crois. Après demain, dans une semaine, un mois, deux moins maximum je serais sur la route encore. Vers Tokyo. Parce que c'est là que John va.

Lizzie
3/07 with love.

Back to California

8/02/2010 (11:27)

http://forever-ago.cowblog.fr/images/Vertige.jpgLizzie ;

Dehors, les oiseaux filent, et au dessus les avions tracent leurs routes aveugle. Cela en fait des chemins à regarder, allongé sur l'herbe du parc Longchamp. L'heure passe toujours aussi vite, je marche dans le parc, je me perds, je dis que je suis à la bibliothèque. Demain, le bac et puis quoi encore ? Pas que je veux pas le passer, juste que c'est un peu prématuré ces conneries. Et en même temps, j'en ai marre de ces salles de cours débiles.
L'an prochain, je serais à la fac. Ca me laisse encore un peu de temps, pour choisir mon orientation. J'ai bu un verre avec Elodie. Elle est belle, elle est douce. Ca fait un mois qu'on est plus ensemble. Depuis, on couche ensemble toutes les semaines. On est ensemble. Je me demande ce qui ne va pas dans mon cerveau. Il fait chaud, je suis en t shirt, et à l'ombre c'est agréable. Les derniers jours en jean. Demain, c'est le bac, et pour fêter la fin des épreuves, on va aller dans les calanques avec quelques amis. Je bosse un mois ensuite. Caissier à carrefour, c'est morne, mais après, je me barre. Pour de bon. Elodie à une voiture, et on a des sous. On se barre.

C'est comment Boston ? Je te vois, remonter vers le canada ensuite, électron libre. Depuis que je couche avec Elodie, je ne dors plus dans ton lit, je crois que mon coeur va mieux. Je ne bois plus tant que ça. Mon cœur s'est calmé, je ne fume presque plus ; je crois que le sol à de nouveau une signification.

Je gratte de mieux en mieux, je chante un peu faux, mais ça passe, ça fait rire du monde, ça fait un peu d'animation. Je chante du Johnny Cash parfois, et ça c'est plutôt top. J'ai pas vraiment envie de penser que la semaine qui suit, ce sera le bac. C'est rien à passer, je le sens bien, mais faut le faire...

L'heure tourne trop vite, mais il fait bon. On va passer par Berlin, et Prague, et Budapest. On l'a décidé comme ça, sur un coup de tête.Va savoir ce que l'Europe nous réserve ? On a genre versé des cautions dans des auberges de jeunesse, et au milieu il y a plein de trous qui ressemblent à des escales. Promis je ne me laisse plus enterré comme cette année. Promis, maintenant je suis un battant.

Elodie est douce, et elle m'écoute, elle a le rire facile, communicatif. Alors je me laisse porter, les yeux fermés, le sourire aux lèvres. Quand on roule un peu vite, il y a le vent qui me frappe de plein fouet, et c'est ça le bonheur, le vent qui frappe de plein fouet le visage d'une innocence portée en bannière puisqu'oubliée. Tu l'as encore toi, cette bannière ? Expose là, en plein Boston, ou Manhattan, Chicago, Toronto, Montréal. Qu'est ce que j'en sais. Fais lui parcourir un globe qui n'en finit pas d'être plat, crevé par son régime de mondialisation.
J'aimerais retenir quelque chose, et tout file, coule, porté par la brise. Je regarde les cerf-volants au prado, et ils font bien, et vite. Il y a toutes ces personnes qui s'échappent pleine voile. La mer sans tourmente, les tourments accrochés à son rêve. J'aimerais savoir rugir, je ne fais que crier. Je ne suis pas encore solaire, encore moins céleste ; je reste un petit branleur marseillais qui quand la nuit ne dort pas pense à sa sœur, à l'autre bout du monde, et dit tout bas, presque secrètement qu'il l'aime.

Arthur

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | Page suivante >>

Créer un podcast