Arthur — 23h23,

Tous les matins, je vois les guiboles des gens qui battent le pavé. Et le soir aussi. Parfois une voiture passe vite dans l'avenue. Je suis étendue sur mon lit dans cet appartement borgne. La lucarne de l'entresol n'est pas vraiment lumineuse, mais la musique fait sa vie. Quand je ferme les yeux bien fort, j'ai presque l'impression que c'est la terre entière qui me roule dessus. Je sens les vibrations. Je les rouvre, et j'ai le sourire : ca y est, je suis à New York.
On m'a prêté l'appartement quelques jours, genre quatre. Ca fait trois que j'y suis. Je suis à peine sortie. J'essaye d'imaginer, ce qui se passe dehors. Rien que les odeurs, ça me fait battre le coeur. La fin de l'hiver s'annonce, et j'entends le rire des enfants comme  la télé, en mieux en vrai. Demain je déménage dans un loft, avec un ami. Il a un boulot pour moi, dans une bibliothèque, je crois que je vais rester un moment. Promis, je sortirais et je vivrais la ville, pour toi. Aujourd'hui, hier (avant) hier j'étais fatigué, épuisé de ce pays, continent, de ce monde. J'ai traversé tout un désert, la rage au ventre, derrière le souvenir de ce connard qui a couché avec moi dans un motel un peu crade de New Orleans et qui s'est barré le lendemain. Vers la vieille Europe. Je recolle à une idée européenne, une mouvance perdue. Ici tout est vieux, là bas, à l'autre bout, tout se renouvelle. Il était français, je suis française. Il s'appelait comme toi Arthur. Il y avait que les fonds de verre pour que tout ceci marche. Et les fonds de nos poches vides pour trouver cette romance valable.

Oh I need somebody to calm me down !

On chantait ça et putain j'en avais les larmes aux yeux. Tu étais là, tellement Là. Comme si ce n'était pas toi. Je pouvais te toucher, et ce n'était que la fumée de la cigarette. Mon rythme cardiaque emballé, je suis à l'arrière d'un bus qui me ramène à mon hôtel puis, au volant de la Buick. Des millions de Terre, un jour, une nuit, une vie. Me voilà à New York et Sinatra ne chante plus, Sinatra est mort. J'ai l'impression presque de crier sous l'eau. J'espère que les vibrations que ça provoque tu les entends. Ce serait bien, je me sentirais moins seule.
Dehors, les amis attendent, on est une chouette flopée, de l'autre bout du monde à être ici maintenant. On va arroser ça au Rhum, et laissé vibrer mes veines. Je monte en haut de l'Empire State Building, et je me souviens que tu as le vertige. Mais tu t'en foutrais du vertige à cet instant, il n'y a que la vue, le souffle — coupé — qui importe.

Arthur, je crois que sans le savoir tu as vécu là, près de moi. Arthur, tu es l'Amérique.


— 1h35,
Lizzie.

PS : Je bouge ma tête lentement sur les guitares de Port O'brien. J'espère que tout va bien, moi ça va, pour de vrai ça va. Je vais rester à New York un moment. Peut-être jusqu'à la fin de l'été. Peut-être une vie. Je t'aime, je t'attends. Tu me manques, mais tu le sais, hein, tu le sais que je ne peux pas revenir.

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Laisser trainer de la poussière

Words (between the lines of age)

Par Castille le 4/02/2010 (17:25)
Tes mots me font retomber infiniment amoureuse de toi à chaque fois, c'est comme si sans cesse ils réveillaient mes battements de coeur, comme s'ils réinventaient l'amour, et ton rire en cascade.
 

Words (between the lines of age)









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