Brandenburg, Beirut.

15/02/2010 (14:07)

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Lizzie ;


Si aux jours qui passent, je m'applique à la recherche vaine d'absolus sans univers, est ce que pour autant je trouverais des poutres pour me suspendre ? C'est mon flou a la folie agressive les soirs de fête. Le mariage s'annonce salé, la table mise, les couverts croisés en signe de malheur sûr. Les parallèles se touchent, une fois pour toute, histoire de. Histoire qu'enfin on puisse faire l'amour. J'aime Elodie, malgré les tempêtes, et les voiles se gonflent, direction ailleurs, direction l'imaginaire même des cavalcades.
A chaque éclair, et dieu sait qu'ils sont au nombre d'un par jour, il y a cette musique : trompettes et cordes, vie et cuivre. J'ai envie de sentir le transport. En fermant les yeux, les jours de beau temps — l'orage —, j'imagine ces tours qui ne sont que des champs et peu d'élus dans une arrivée sempiternelle, dans des déboulonneries qui ne débordent pas ne bavent pas.
Sans résistance, l'air des villes et les champs graves sont laminés — balayés en la mineur. Sans résistance, le compte en banque est négatif, à la fin du voyage, le moral et négatif ; il ne reste rien que des négatifs développés à la va-vite. Et alors les couleurs bavent, qu'est ce qu'il me reste à faire // je dis ?
les yeux fermés, je me sens en proie au cataclysme vibrant, j'ai des câlins qui m'enserrent et des impressions tentaculaires qui en découlent à répéter les rames de métro sans cesse à en effacer les destinations à en perdre les destinataires. Je ne sais plus à qui j'écris, je t'écris — tu n'es plus là. Même pas là à m'attendre à la fin de la journée parce que tu t'es ennuyée, tu n'es plus là et c'est le froid dans mes yeux, le froid de l'hiver qui ne se développe pas, qui est une fractale dans mon regard d'abyme, dans mon regard de milliers de regards. J'ai le pouvoir d'effacer les destinations, mais je ne veux pas renier les destinataires ; et tout tourne, sans cesse, et tout tourne et vibre. La ponctuation de mon cœur se découpe, dédouble.
Il y a des cartes postales sur les murs de ma chambre, c'est toi, c'est tout ce qui reste. Ton lit, c'est un cauchemar, j'y ai fait l'amour avec Elodie, et ce n'était pas drôle, c'était un instant sans instinct. une machine rodée, à s'en claquer les poumons, à s'en péter les vertèbres. J'aurais aimé être un sans sommeil // je ne suis qu'insomniaque fatigué alors que le jour arrive. Et quand vient le soir, alors que le ciel s'obscurcit en douceur, comme un fondu enchaîné que nul ne contrôle j'ai le cœur qui bat en instance. J'aimerais plaider pour ton retour, extradée ou juste exilée de mon amour // tu ne m'aimes donc plus ? Plutôt crever ou respirer // de toute façon le moral est le même.
Les yeux secs, je quitte mon rocher, mes ancrages. Sans habitudes, tu es partie. Il paraît que tu reviens, et je serais là sans doute, sans cesse. Ce n'est pas l'amour qui dicte, c'est tout ce que l'on met autour. Et alors, l'automne est une grande histoire puisqu'ici ne subsiste que l'été dans les regards angéliques. Elodie a joui, je cherchais ta voix, ton regard. Ce matin je lui ai dit de partir, de fuir. Cet après midi, nous avons fait l'amour. Et je ne suis qu'une dictée sous la souffrance, un bout de souffle plaqué entre deux épaules. A goûter un sein, à cracher sur mon prochain, à proner la vitesse, à n'aimer que l'immobile, le figer dans un espace qui ne se contrôle pas, entre deux parenthèses. Les parents taisent tes appels depuis que j'ai dit que je t'écrivais, que je t'écris sans cesse. Ils ont peur de comprendre, et moi, j'ai peur tout cours. Il ne reste que des photos.
Je quitte mon rocher, sans pour autant décoller mes pieds du sol. je glisse sans illusions et les vagues font des remous absudrdes — que vogue la galère. Tu y crois toi, que tu es à l'autre bout du monde à envoyer des lettres après être partie sans rien dire ? Tu y crois qu'aujourd'hui, cela fait un an et trois mois et dix sept jours ? Moi je ne le crois pas, mais pourtant. Ce n'est pas un rêve. Enfin, minuit sonne, le style n'est plus propre. Gardons nous des cataclysmes.

Dis, mais quand reviendras-tu ?


Arthur,
le 8 Août

En bout de course.

11/02/2010 (21:00)

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New York,
Le 1er Juillet
Arthur ;

Tu dois le connaître toi, ce moral dans les chaussettes. Sans vouloir t'offusquer, je le ressens dans tes lettres. Je ne suis pas partie à Boston, finalement. Boston n'a pas voulu de moi — Boston ; j'ai décidé d'embrasser les étoiles, dans une nuit déguisée en prostituée. La cuite est-elle un prix fort ? En rentrant à l'appartement, j'ai vu mes affaires et ma valise, et j'ai vu le lit, j'ai dormi à m'en rendre malade. Le lendemain, je tenais mon poste derrière le comptoir de la librairie à voir les Greyhound partir vers un inconnu qui semble si familier les jours de beau temps.
Il y a une campagne publicitaire, pour des vols low coast vers Paris. Avec mon marqueur, j'écris "Don't Go !" mais les gens ne me croiront pas ; pas à ce prix là. C'est étrange, deux peuples qui s'observent avec convoitise, et pourtant, ils devraient dire aux autres que ce ne sont que des chimères. La barrière de la langue, et celle qui retient de sauter en haut de l'Empire State Building, en haut de la Tour Eiffel.
Est ce que Marseille brûle au creux de l'été qui naît ? J'ai des noeuds dans la gorge quand les parents m'appellent. J'aimerais tant leur crier : "taisez vous". Mais ça ne sort pas, le respect ou j'en sais rien. Quand on raccroche, je pleure — parfois une heure sans m'arrêter. Ils sont toujours gentils, et moi, je voudrais être méchante. Parfois, je marche sans savoir où et, malheureusement, je me perds trop vite. Et quand j'arrive dans le nulle part, je me demande ce que je fais là, pourquoi je ne pars pas. Aucune réponse ne vient. Je les connais, elles sont placardés sur tous les murs de ma chambre, je ne sais pas. La journée, je réfléchis à des dizaines de choses, et ça va. Le soir, on va boire des verres et ça va. La nuit je dors et ça va. Alors quand est-ce que ça ne va pas ?
A chaque fois que je reçois une de tes lettres j'ai le cœur qui bat si fort. J'aimerais que tu sois là, en permanence. Que quand moi je travaille tu erres dans ce loft que tu aimerais tant ; que tu écrives toutes ces histoires que tu as dans le cœur, pour faire passer ce mal de tête. Et le soir en rentrant, je lirais, on rirait.
Raconte moi, Elodie. Est ce que tu es doux avec elle ? Je sais que tu l'es mais, dis moi comment.
Je sais que les mots flottent parfois en suspension dans ta gorge quand je t'ai au téléphone — que devant les parents tu ne demandes pas si j'ai reçu ta lettre, et puis je ne te le dis pas, parce que je me dis qu'ils guettent. Je sais qu'ils veulent en savoir plus, et qu'ils te demandent : tu as le droit de dire.
J'ai rencontré John, parce qu'il achetait L'Etranger de Camus, et que j'ai dit que c'était ton livre préféré. Il a sourit, et puis, il m'a dit des choses, j'ai tout compris, mais je ne comprenais vraiment que ses yeux qui étaient bleu. Et qui faisaient battre mon coeur d'adolescente. J'ai retenu le souffle, je l'ai tant retenu que j'en étais rouge, je l'ai tant retenu que l'apnée se lisait là et là près de mon visage ou je ne sais. Il a laissé son numéro, et je crois que je voulais lui dire, qu'ici c'était très bien pour faire l'amour. Les mots sont restés au creux de ma poche. Dis moi, tu crois qu'il existe une périphérie de l'amour ?

Il m'a dit.

Dehors il ne pleut pas ; j'ai envie du désert.

Finalement, le moral n'a pas de chaussette dans laquelle il se réfugie. Il va ça et là. Je t'écris du salon de John. et il m'a dit que si je voulais, on partirait loin, construire quelque chose qui n'a pas besoin de l'être, qui ne servira à rien. Mais quelque chose de beau, quelque chose qui rime. Moi je le crois. Après demain, dans une semaine, un mois, deux moins maximum je serais sur la route encore. Vers Tokyo. Parce que c'est là que John va.

Lizzie
3/07 with love.

Back to California

8/02/2010 (11:27)

http://forever-ago.cowblog.fr/images/Vertige.jpgLizzie ;

Dehors, les oiseaux filent, et au dessus les avions tracent leurs routes aveugle. Cela en fait des chemins à regarder, allongé sur l'herbe du parc Longchamp. L'heure passe toujours aussi vite, je marche dans le parc, je me perds, je dis que je suis à la bibliothèque. Demain, le bac et puis quoi encore ? Pas que je veux pas le passer, juste que c'est un peu prématuré ces conneries. Et en même temps, j'en ai marre de ces salles de cours débiles.
L'an prochain, je serais à la fac. Ca me laisse encore un peu de temps, pour choisir mon orientation. J'ai bu un verre avec Elodie. Elle est belle, elle est douce. Ca fait un mois qu'on est plus ensemble. Depuis, on couche ensemble toutes les semaines. On est ensemble. Je me demande ce qui ne va pas dans mon cerveau. Il fait chaud, je suis en t shirt, et à l'ombre c'est agréable. Les derniers jours en jean. Demain, c'est le bac, et pour fêter la fin des épreuves, on va aller dans les calanques avec quelques amis. Je bosse un mois ensuite. Caissier à carrefour, c'est morne, mais après, je me barre. Pour de bon. Elodie à une voiture, et on a des sous. On se barre.

C'est comment Boston ? Je te vois, remonter vers le canada ensuite, électron libre. Depuis que je couche avec Elodie, je ne dors plus dans ton lit, je crois que mon coeur va mieux. Je ne bois plus tant que ça. Mon cœur s'est calmé, je ne fume presque plus ; je crois que le sol à de nouveau une signification.

Je gratte de mieux en mieux, je chante un peu faux, mais ça passe, ça fait rire du monde, ça fait un peu d'animation. Je chante du Johnny Cash parfois, et ça c'est plutôt top. J'ai pas vraiment envie de penser que la semaine qui suit, ce sera le bac. C'est rien à passer, je le sens bien, mais faut le faire...

L'heure tourne trop vite, mais il fait bon. On va passer par Berlin, et Prague, et Budapest. On l'a décidé comme ça, sur un coup de tête.Va savoir ce que l'Europe nous réserve ? On a genre versé des cautions dans des auberges de jeunesse, et au milieu il y a plein de trous qui ressemblent à des escales. Promis je ne me laisse plus enterré comme cette année. Promis, maintenant je suis un battant.

Elodie est douce, et elle m'écoute, elle a le rire facile, communicatif. Alors je me laisse porter, les yeux fermés, le sourire aux lèvres. Quand on roule un peu vite, il y a le vent qui me frappe de plein fouet, et c'est ça le bonheur, le vent qui frappe de plein fouet le visage d'une innocence portée en bannière puisqu'oubliée. Tu l'as encore toi, cette bannière ? Expose là, en plein Boston, ou Manhattan, Chicago, Toronto, Montréal. Qu'est ce que j'en sais. Fais lui parcourir un globe qui n'en finit pas d'être plat, crevé par son régime de mondialisation.
J'aimerais retenir quelque chose, et tout file, coule, porté par la brise. Je regarde les cerf-volants au prado, et ils font bien, et vite. Il y a toutes ces personnes qui s'échappent pleine voile. La mer sans tourmente, les tourments accrochés à son rêve. J'aimerais savoir rugir, je ne fais que crier. Je ne suis pas encore solaire, encore moins céleste ; je reste un petit branleur marseillais qui quand la nuit ne dort pas pense à sa sœur, à l'autre bout du monde, et dit tout bas, presque secrètement qu'il l'aime.

Arthur

Des tiroirs sans fonds.

7/02/2010 (21:57)

http://forever-ago.cowblog.fr/images/Papers.jpgArt,

Je cherche quelqu'un qui m'offrira un amour périphérique, que l'on puisse marcher sur les marges des feuilles tels des funambules. j'aimerais chuter, et pourvoir claquer la porte, comme ça, m'en foutre. Un amour qui connaîtrait pas l'aigreur, en mouvement comme mes envies d'escampettes. Un an et plus sur le territoire de là où se finit le monde et où il prend naissance. En ouvrant les yeux sous l'eau dans mon bain, je vois trouble, toujours aussi trouble qu'en France. Qu'est ce qui a changé ?
Quatre mois de New York plus tard, je mélange les frontières. Je vois plus de français, parfois je reparle français et c'est toujours étrange, mes oreilles sont abîmées. Parfois je me ballade dans Central Park à la recherche des bruits, mais ça ne vient pas. Les immeubles sont immenses, je guette Sting à la fenêtre de son appart de luxe, sait-on jamais j'aimerais bien qu'il m'invite à boire le café.
De bibliothécaire, je suis passé vendeuse au Metropolitan Bookshop. C'est juste à côté d"une station de Greyhound Bus, et ça me permet de me convaincre que la fuite est toujours possible même emmurée dans ces immenses édifices. Le gérant est marrant, il essaye de parler français ça me fait rire. Il adore Camus, et Malraux. Je lui conseille des auteurs français et lui me parle d'auteurs américain. Je crois que je lui plais mais il ne me plait pas. Qu'importe.
Elodie, elle est belle ? Tu ne dois plus être avec, il n'y a que des temps de retards dans mes lettres. Je m'excuse. J'ai un badge avec écrit Lizzie dessus, et je me demande à quoi ça sert, aucun client ne dit mon prénom. J'écris assise à la caisse de la librairie, on vient de fermer, dehors il pleut. Je n'ai pas envie d'affronter la pluie.
Tu te souviens, ce que tu avais écrit un jour, et laissé trainer dans ma chambre. Letters from Boston ça s'appelait.

Demain, je me barre, je vais au Nord, je vais voir Boston ; en partant de cette station Greyhound.

Lizzie, la funambule.
— 30 mai.
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Elise
.



J'ai couché avec Elodie. Et puis, je crois que j'en ai rien à faire. Elle m'a dit : "tu veux qu'on se mette ensemble ?" c'était le lendemain, j'avais la tête comme un tambour, et moi j'ai dit "ouais" bien sûr que j'ai dit ouais. Elodie, y a un peu tout le monde qui veut être avec. Elle est cool, c'est vrai. Je crois que ça fait un moment qu'elle me tourne autour, je remarque jamais ce genre de chose, tu le sais bien. Paraît que c'était évident comme le nez au milieu de la figure.
J'ai couché avec Elodie, et en rentrant, j'ai pleuré, sans m'arrêter, sans respirer ou presque. j'avais trop de larme du crâne au larynx, que de l'eau.

Dans trois jours c'est ton anniversaire, tes 23 ans. Tu vas faire quoi ? Je t'imagine, paradant dans broadway, tes 22 ans dans une main, tes 23 dans l'autre. Je sais même pas à quoi ressemble broadway. Je me suis rendu compte que je ne savais rien de ce qui me fait tant rêver. Je me suis rendu compte que, tout ce à quoi je tiens, ça rentre dans une grande valise. Elodie me trouve rêveur, deux jours que je ne l'ai pas vu et je réponds à ses textos par automatisme. La pluie tombe, elle ne tombe plus. Le ciel est rayonnant, et je sais que ça y est c'est le printemps. J'ai envie de tout foutre en lair. Toute la journée, j'ai fait en long et en large les plages du prado. j'étais même pas fatigué. J'ai remonté la corniche, et le vieux port. A la joliette je suis monté dans le bus. Ca allait mieux, je ne crois pas.
Tu crois que la rage est un moteur suffisant ? Je n'ai jamais su. Je nous compare, et parfois j'ai l'impression qu'on a une maladie que l'on comprend pas, l'envie d'ailleurs. Marseille n'est plus une ville, c'est un ensemble de zones géographiques que je relie par des marches interminables. Des zones géographiques que je repère dans les souvenirs vagues des cuites que je me suis pris.
L'autre soir, je ne sais plus quel soir. Je dormais chez Paul et Emilie (tu sais, ils sont jumeaux). Il y avait Emilie qui jouait du piano, et on était là à dire n'importe quoi, et ça allait pour de bon — je n'avais pas encore couché avec Elodie — et je me suis demandé combien de temps ça faisait que je n'avais plus sentit ça, cette simplicité de vivre un quotidien qui n'a pas besoin d'extravagance. Elle jouait un morceau de Biolay, et je l'aime pas beaucoup ce gars, mais il y avait Paul qui chantait par dessus — Tout ça me tourmente, tout ça me tourmente un peu — il y avait quelque chose, et pourquoi la vie ne se résume pas à cela ? J'aimerais ériger l'immobilisme sur le canapé comme une religion, une connerie du genre. Ce serait simple, enfin. Je croyais que ça allait mieux, et c'est comme si cette soirée c'était l'apogée. Bloqué dans ce putain de cycle, ce rythme, cette ambiance presque studieuse presque tendue, pleine de remord et de phrases qui ne servent à rien. il faut que je choisisse mon avenir, et sur les papiers d'orientation j'aimerais dire : "formation voyageur". Mais rien ne se passe, rien ne se fait, j'écris des trucs ridicules, change d'avis chaque jour. Les notes de piano d'Emilie, c'était un peu comme des goûtes de pluie sur le visage, quand on regarde vers le ciel. Ca fait se plisser les yeux. J'ai couché avec Elodie, et j'ai gueulé comme un con ensuite, dans la rue. J'ai gueulé ce que j'avais en plus dans le ventre. J'ai l'impression d'imploser. Et dans deux mois, trois, quatre, je serais un adulte.

Anyway, c'est ma troisième clope, mon portable a sonné quatre fois — Elodie, Elodie, répondeur, Paul — j'crois que je dois me préparer, aller quelque part. Je t'aime, je t'aime. T'es la seule que j'aime. Toutes les nuits je dors dans ton lit. il n'y a que là que je peux dormir.

Arthur.

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