New York,
Le 1er Juillet
Arthur ;
Tu dois le connaître toi, ce moral dans les chaussettes. Sans vouloir t'offusquer, je le ressens dans tes lettres. Je ne suis pas partie à Boston, finalement. Boston n'a pas voulu de moi — Boston ; j'ai décidé d'embrasser les étoiles, dans une nuit déguisée en prostituée. La cuite est-elle un prix fort ? En rentrant à l'appartement, j'ai vu mes affaires et ma valise, et j'ai vu le lit, j'ai dormi à m'en rendre malade. Le lendemain, je tenais mon poste derrière le comptoir de la librairie à voir les Greyhound partir vers un inconnu qui semble si familier les jours de beau temps.
Il y a une campagne publicitaire, pour des vols low coast vers Paris. Avec mon marqueur, j'écris "Don't Go !" mais les gens ne me croiront pas ; pas à ce prix là. C'est étrange, deux peuples qui s'observent avec convoitise, et pourtant, ils devraient dire aux autres que ce ne sont que des chimères. La barrière de la langue, et celle qui retient de sauter en haut de l'Empire State Building, en haut de la Tour Eiffel.
Est ce que Marseille brûle au creux de l'été qui naît ? J'ai des noeuds dans la gorge quand les parents m'appellent. J'aimerais tant leur crier : "taisez vous". Mais ça ne sort pas, le respect ou j'en sais rien. Quand on raccroche, je pleure — parfois une heure sans m'arrêter. Ils sont toujours gentils, et moi, je voudrais être méchante. Parfois, je marche sans savoir où et, malheureusement, je me perds trop vite. Et quand j'arrive dans le nulle part, je me demande ce que je fais là, pourquoi je ne pars pas. Aucune réponse ne vient. Je les connais, elles sont placardés sur tous les murs de ma chambre, je ne sais pas. La journée, je réfléchis à des dizaines de choses, et ça va. Le soir, on va boire des verres et ça va. La nuit je dors et ça va. Alors quand est-ce que ça ne va pas ?
A chaque fois que je reçois une de tes lettres j'ai le cœur qui bat si fort. J'aimerais que tu sois là, en permanence. Que quand moi je travaille tu erres dans ce loft que tu aimerais tant ; que tu écrives toutes ces histoires que tu as dans le cœur, pour faire passer ce mal de tête. Et le soir en rentrant, je lirais, on rirait.
Raconte moi, Elodie. Est ce que tu es doux avec elle ? Je sais que tu l'es mais, dis moi comment.
Je sais que les mots flottent parfois en suspension dans ta gorge quand je t'ai au téléphone — que devant les parents tu ne demandes pas si j'ai reçu ta lettre, et puis je ne te le dis pas, parce que je me dis qu'ils guettent. Je sais qu'ils veulent en savoir plus, et qu'ils te demandent : tu as le droit de dire.
J'ai rencontré John, parce qu'il achetait L'Etranger de Camus, et que j'ai dit que c'était ton livre préféré. Il a sourit, et puis, il m'a dit des choses, j'ai tout compris, mais je ne comprenais vraiment que ses yeux qui étaient bleu. Et qui faisaient battre mon coeur d'adolescente. J'ai retenu le souffle, je l'ai tant retenu que j'en étais rouge, je l'ai tant retenu que l'apnée se lisait là et là près de mon visage ou je ne sais. Il a laissé son numéro, et je crois que je voulais lui dire, qu'ici c'était très bien pour faire l'amour. Les mots sont restés au creux de ma poche. Dis moi, tu crois qu'il existe une périphérie de l'amour ?
Il m'a dit.
Dehors il ne pleut pas ; j'ai envie du désert.
Finalement, le moral n'a pas de chaussette dans laquelle il se réfugie. Il va ça et là. Je t'écris du salon de John. et il m'a dit que si je voulais, on partirait loin, construire quelque chose qui n'a pas besoin de l'être, qui ne servira à rien. Mais quelque chose de beau, quelque chose qui rime. Moi je le crois. Après demain, dans une semaine, un mois, deux moins maximum je serais sur la route encore. Vers Tokyo. Parce que c'est là que John va.
Tu dois le connaître toi, ce moral dans les chaussettes. Sans vouloir t'offusquer, je le ressens dans tes lettres. Je ne suis pas partie à Boston, finalement. Boston n'a pas voulu de moi — Boston ; j'ai décidé d'embrasser les étoiles, dans une nuit déguisée en prostituée. La cuite est-elle un prix fort ? En rentrant à l'appartement, j'ai vu mes affaires et ma valise, et j'ai vu le lit, j'ai dormi à m'en rendre malade. Le lendemain, je tenais mon poste derrière le comptoir de la librairie à voir les Greyhound partir vers un inconnu qui semble si familier les jours de beau temps.
Il y a une campagne publicitaire, pour des vols low coast vers Paris. Avec mon marqueur, j'écris "Don't Go !" mais les gens ne me croiront pas ; pas à ce prix là. C'est étrange, deux peuples qui s'observent avec convoitise, et pourtant, ils devraient dire aux autres que ce ne sont que des chimères. La barrière de la langue, et celle qui retient de sauter en haut de l'Empire State Building, en haut de la Tour Eiffel.
Est ce que Marseille brûle au creux de l'été qui naît ? J'ai des noeuds dans la gorge quand les parents m'appellent. J'aimerais tant leur crier : "taisez vous". Mais ça ne sort pas, le respect ou j'en sais rien. Quand on raccroche, je pleure — parfois une heure sans m'arrêter. Ils sont toujours gentils, et moi, je voudrais être méchante. Parfois, je marche sans savoir où et, malheureusement, je me perds trop vite. Et quand j'arrive dans le nulle part, je me demande ce que je fais là, pourquoi je ne pars pas. Aucune réponse ne vient. Je les connais, elles sont placardés sur tous les murs de ma chambre, je ne sais pas. La journée, je réfléchis à des dizaines de choses, et ça va. Le soir, on va boire des verres et ça va. La nuit je dors et ça va. Alors quand est-ce que ça ne va pas ?
A chaque fois que je reçois une de tes lettres j'ai le cœur qui bat si fort. J'aimerais que tu sois là, en permanence. Que quand moi je travaille tu erres dans ce loft que tu aimerais tant ; que tu écrives toutes ces histoires que tu as dans le cœur, pour faire passer ce mal de tête. Et le soir en rentrant, je lirais, on rirait.
Raconte moi, Elodie. Est ce que tu es doux avec elle ? Je sais que tu l'es mais, dis moi comment.
Je sais que les mots flottent parfois en suspension dans ta gorge quand je t'ai au téléphone — que devant les parents tu ne demandes pas si j'ai reçu ta lettre, et puis je ne te le dis pas, parce que je me dis qu'ils guettent. Je sais qu'ils veulent en savoir plus, et qu'ils te demandent : tu as le droit de dire.
J'ai rencontré John, parce qu'il achetait L'Etranger de Camus, et que j'ai dit que c'était ton livre préféré. Il a sourit, et puis, il m'a dit des choses, j'ai tout compris, mais je ne comprenais vraiment que ses yeux qui étaient bleu. Et qui faisaient battre mon coeur d'adolescente. J'ai retenu le souffle, je l'ai tant retenu que j'en étais rouge, je l'ai tant retenu que l'apnée se lisait là et là près de mon visage ou je ne sais. Il a laissé son numéro, et je crois que je voulais lui dire, qu'ici c'était très bien pour faire l'amour. Les mots sont restés au creux de ma poche. Dis moi, tu crois qu'il existe une périphérie de l'amour ?
Il m'a dit.
Dehors il ne pleut pas ; j'ai envie du désert.
Finalement, le moral n'a pas de chaussette dans laquelle il se réfugie. Il va ça et là. Je t'écris du salon de John. et il m'a dit que si je voulais, on partirait loin, construire quelque chose qui n'a pas besoin de l'être, qui ne servira à rien. Mais quelque chose de beau, quelque chose qui rime. Moi je le crois. Après demain, dans une semaine, un mois, deux moins maximum je serais sur la route encore. Vers Tokyo. Parce que c'est là que John va.
Lizzie
— 3/07 with love.